Maintenant 2017 – Focus #6 : le Vieux St Étienne prend un coup de jeune

Difficile de faire exister un site rassembleur des publics au cœur d’un festival quand sur 6 jours, l’événement investit plus de 17 lieux différents. Pour résoudre cette problématique, les organisateurs de Maintenant ont comme l’an dernier choisi d’utiliser le Théâtre du Vieux St Etienne transformé pour l’occasion en quartier général ouvert à tous : des curieux qui veulent se renseigner sur les propositions du festival aux amateurs de warm-up électro léchés, des passionnés ou néophytes qui souhaitent assister à des performances, aux publics les plus divers qui viennent manipuler des installations interactives ou prendre un brunch. On souhaite à nouveau une belle réussite à cet épicentre qui a déjà bien fonctionné l’an dernier, confiants que nous sommes en la capacité de Maintenant à en faire un lieu chaleureux, ouvert à tous (à noter, c’est important, l’entrée est totalement gratuite). D’autant que l’équipe nous y promet également un espace détente et une petite restauration proposée sur place. Bienvenue au cœur de Maintenant, Théâtre du Vieux St Étienne. Petit tour d’horizon de ce que vous pourrez y trouver.

Maintenant, c’est quoi ?

L’association Electroni[k] propose différentes manifestations à Rennes, notamment pendant le temps fort Cultures Electroni[k], renommé Maintenant depuis 2013 (à ce propos, lire ici) , autour des arts, de la musique et des technologies au travers de spectacles variés et souvent atypiques, mais toujours d’une réelle qualité artistique. Cette année Maintenant aura lieu du 10 au 15 octobre 2017.

Au fil des années, l’association Electroni[k] a ainsi complètement réussi à nous alpaguer avec ces propositions éclectiques, souvent décalées, à l’incongruité jouissive. A cause de cette bourricote d’équipe, on a dormi dans un dojo plein d’inconnus et écouté un concert en pyjama, on a entendu des légumes faire de la musique (mais on n’a pas mangé la soupe, faut pas exagérer!), on s’est caillé les miches dans la piscine St Georges pour une diffusion subaquatique qui nous a fait frissonner au sens propre et figuré, on a écouté un quatuor à vents en forme de cornes de brume. On a aussi regardé une tapisserie devenir vivante, fait des bulles en forme de montgolfières, et même allumé un nuage sur la place Hoche : bref, on a fait un paquet de trucs qu’on n’aurait jamais imaginé vivre.

En plus des offres plus classiques, Electroni[k] s’attache ainsi à constamment expérimenter de nouvelles formes d’accueil et d’interaction avec le public : des lieux apparemment incongrus (une piscine, un dojo, une maison de retraite…), des formats étonnants (des concerts sous l’eau, des installations qui s’écoutent sur des lits suspendus, des performances qui se découvrent au cœur de dispositifs sonores englobants ou de visuels hallucinants, des concerts au casque…). Et surtout, une volonté de s’adresser à tous les publics. Alors oui, chaque année, on attend octobre comme Noël avant l’heure, persuadés que l’équipe d’Electroni[k] aura caché mille surprises dans sa programmation.

Ambiance électronique : dancefloor du brunch à l’apéro

Tous les soirs (ou quasi), entre 20h et 00h, le théâtre du Vieux St Étienne devenu nouveau quartier général du Festival se transformera en dancefloor pour profiter de l’apéro et des premières heures de la nuit dans une ambiance chaleureuse (voire festive) avec pour objectif la mise en avant d’artistes et de collectifs rennais (pour la plupart) qui font bouger la scène électronique. Méfiez-vous : l’an dernier (comme l’année précédente à la Cité), le dancefloor était pris d’assaut quasi tous les soirs, et à certaines heures, il était dur d’y entrer. N’arrivez donc pas trop tard.

Aux platines, chaque soir, se relaieront ainsi plusieurs producteurs et djs de la scène rennaise le plus souvent, mais pas que. Dès le premier soir, d’ailleurs, le mardi 10 octobre pour l’inauguration du festival, ce sont le duo barcelo-borvégien (installé à Berlin !) N.M.O. avec une performance mêlant percussions et sons synthétiques et l’impressionnant gars de Créteil Kirikoo Des, aka NSDOS (qu’on vous a présenté longuement ici) qui proposeront d’étonnantes performances. NSDOS expliquait ainsi en interview pour Maintenant : « Je me suis intéressé au tatouage et à la relation entre la musique, le geste du tatoueur et le rapport entre le corps et l’interface du corps. Je vais donc me tatouer et produire de la musique en live en utilisant une vieille technique de tatouage appeler Stick and Poke. » Bigre ! Et pour finir la soirée, c’est en duo que la team de la boutique hybride rennaise (disques d’occaz, textiles et cave à performance) SoulBarex’ balancera sa sélection « un peu UK à l’image du festival, mais pas des choses basiques. »

Le lendemain, c’est l’asso Texture (qui aime proposer art et musique dans des lieux atypiques – on pense à l’énorme succès de TXTR en juillet dernier) qui aura carte blanche et proposera d’une part le set du duo Earl qui devrait plutôt flirter du côté de la disco/house et d’autre part l’érudit et éclectique Kabaka qui aime mixer les styles : afro, house, deep house ou techno. Un chouette moment en perspective.

Ça ne s’arrête pas le jeudi 12 octobre puisque c’est cette fois au collectif de trap/hip hop nanto-renno-bordelais Same Fam que Maintenant confie les rênes. Au programme : le rémois Puzupuzu (créateur du label Celebration Tapes et membre du collectif Vapeur) et son coupé décalé contemplatif (mais c’est assez réducteur, le garçon a plein de -bonnes- idées), le taulier KCIV (dj de Columbine, qui produit plutôt chill mais mixe plutôt rap, hip-hop et trap) et le producteur Skuna (à qui l’on doit aussi des sons sur Enfants Terribles de Columbine).

Avant leur soirée de novembre à l’Antipode le collectif rennais ÖND (souvenez vous du projet Midweek) prennent quant à eux les commandes de l’Ambiance Électronique 4 du vendredi 13 octobre avec un B2B aux platines des rennaises Vanadis et Jean Terechkova (ainsi nommée en hommage à une spationaute russe), et d’une vraie Russe avec un nom allemand (Inga Mauer) qu’il ne faudra absolument pas manquer : résidente au Stackenschneider de St Petersbourg, signée sur le label de John Talabot et contributrice de Radio Cómeme, la musicienne sait distiller un mélange addictif de techno plutôt industrielle, d’ambiances sombres assez dark wave et de tueries retorses et entêtantes si on en juge par son podcast cette année sur Resident Advisor ou par sa récente performance au Dekmantel Festival.

 

Le samedi 14 octobre, ce sont les essentiels Editions Gravats, label de Low Jack et Jean Carval, qui signent la programmation. On est notamment très impatient d’y retrouver Black Zone Myth Chant, pour lequel on a une vraie faiblesse. D’abord connu avec High Wolf son projet drone électro aux influences hybrides panafricaines ou orientales -et on en passe- (signé sur Not Not Fun) responsable d’une quasi trentaine de vinyles, CDr et cassettes, Maxime Primault habite également l’entité Black Zone Myth Chant, où le tribalisme occulte côtoie d’hypnotiques beats hip-hop, mais d’un hip hop disloqué, futuriste, marqué par une voix lointaine et distordue, profondément sombre.

Fantasme entre free jazz (versant Sun Ra /on retrouve aussi un portrait d’Ornette Coleman comme artwork de sa Straight Cassette), hip hop étrange et abstrait, errances autour de synthés modulaires et beats poisseux à la DJ Scew, la musique de Black Zone Myth Chant risque fort de vous plonger dans une transe hallucinatoire. D’autant que pour cette soirée au Vieux St Etienne, Black Zone Myth Chant viendra présenter en live son nouvel album qu’on espère aussi addictif et passionnant que le précédent (Mane Thecel Phares, 2015). Le même soir, en plus du warm up assuré par le fondateur de l’association Merci, Leissen, on pourra découvrir le reggaeton porto-ricain mixé par l’Espagnole Clara!

Enfin, pour conclure le festival c’est le collectif rennais Spazio Infinito qui invitera le boss du label Latency Sidney pour un mix deep house derrière les platines et le producteur Eszaid (co-fondateur du label Collapsing Market avec Cyrus Goberville) pour un (nouveau) live aux croisées de l’IDM, du glitch ou d’une techno un poil plus musclée.

Autre temps pour découvrir deux chouettes producteurs locaux : le samedi et le dimanche autour d’un brunch de 12h à 15h. Comme l’an dernier, le Brunch Électronique devrait permettre aux clubbers qui sortent de leur nuit et aux autres de se croiser autour d’un brunch concocté par Miss Dom (goûtez sa brioche perdue, c’est une vraie tuerie !).

Sa sélection culinaire devrait accompagner sans peine les délicates compositions aériennes et ouatées du vannetais Vincent Henquinet (désormais rennais) aka Airsouth le samedi 15 octobre de 12h00 à 15h00, déjà auteur de trois jolis eps -si on a bien compté- (un quatrième devrait sortir en 2018 sur Nowadays Records).

Quant à la moitié de Leska, Les Gordon, nul doute qu’il saura tout aussi habilement accompagner en douceur votre dimanche. Entre electronica et pop, le musicien à la formation classique se balade entre titres contemplatifs rêveurs et morceaux dansants et chamarrés et connaît bien le festival puisqu’il s’y était illustré en 2013. Vous pourrez donc le retrouver dimanche 15 octobre de 12h00 à 15h00.

Des installations immersives et/ou participatives

Autre bonne idée pour rassembler les publics : proposer des installations, des performances, avec lesquelles on peut souvent interagir. Et même en faisant des câlins.

Hugues : free hugs !

Sûrement le truc le plus mignon du festival, ce Hugues (est-ce qu’on le prononce Hug ?). Pour le coup, on lui prédit un succès immédiat, notamment chez les plus jeunes. Créé par Bon Baiser de Bretagne, un collectif de jeunes designers lauréats de l’appel à projets 2017 pour le festival rassemblant Victor Boquet, Flavie Gaborit et Yann Saint-Clair, Hugues est leur première réalisation interactive.

Imaginez une grosse boule de ouate à taille humaine qui tremble de froid, et qui semble en manque d’amour. Et surtout en attente d’un peu d’aide et de réconfort. Avec sa forme de fantôme tout mignon, cette grosse sculpture molletonnée invite immédiatement à la prendre dans ses bras. Et là, miracle : réchauffé par notre affection (ça se voit grâce à sa peinture thermodynamique), Hugues retrouve le sourire (et nous avec). On imagine d’ailleurs qu’invité à s’approcher de Hugues, les minots tentés par un câlin, une caresse ou tout autre geste tendre auront du mal à le lâcher. Et qui sait, vous aussi peut-être… C’est en tout cas tout le mal qu’on vous souhaite.

Comme un dessein : dessinons ensemble ?

C’est cette fois-ci en réponse à l’appel à projet international Art et technologie 2016 du festival Maintenant que le collectif rennais d’artistes pluridisciplinaires IDLV (Indiens Dans La Ville) a proposé le projet Comme un dessein. Le collectif, qui interroge les contrastes qui peuvent surgir entre nature et ville, ville et habitants, et les liens entre notre environnement et nos modes de vie, s’est pour ce projet intéressé à une œuvre collective et participative. Soucieux de la participation de tous à la créativité et à l’inventivité dans notre société, ils ont cherché une forme qui puisse permettre à la fois les échanges et les interactions et la création d’une œuvre qui conviendrait à tous.

 

Il s’agira donc de composer une fresque collective grâce à une interface web connectée à un robot (un traceur vertical) disposé dans le Théâtre du Vieux St-Étienne. Pour chaque dessin proposé, une plateforme de modération accessible à tous permettra la validation (ou non) de la proposition, afin de catalyser la création collective. Au cœur du projet, c’est la question d’une démocratie participative qui ferait réellement émerger l’intérêt général, qui est posée. En faisant le pari suivant : « Ainsi, la modération ne sera plus un facteur limitant mais bien un catalyseur de création collective qui, à force de censures et de compromis, et sans autorité centrale, générera un résultat de facto représentatif du processus démocratique. » On est curieux de voir.

Carte Mémoire : la ville par ses habitants

Dans le cadre de Parcours Sensibles, dispositif qui vise à favoriser l’accès aux droits culturels de tous, et notamment des personnes en situation de grande précarité et/ou d’exclusion sociale, la designer Bérengère Amiot, accompagnée de huit habitants a réalisé une maquette interactive de Rennes, une représentation de la ville subjective par ses habitants, la joliment nommée Carte Mémoire.

Afin de raconter leur ville, leur quartier, les participants ont été invités à participer à des ateliers de création hebdomadaires d’avril à juin : ils y ont découvert des outils numériques, des techniques artistiques, mais y ont surtout arpenté la ville afin de nourrir la création de la maquette de leurs déambulations, de leurs visites, de leurs rencontres. Leurs visites dans des quartiers rennais différents avec toujours une étape dans un lieu culturel (dont certains choisis avec les participants) ont ainsi permis à tous d’échanger autour de l’espace public et de leur rapport avec celui-ci. À travers leurs déplacements, leurs habitudes, les participants s’y sont en effet dévoilés, s’y sont découverts les uns les autres. « D’habitants, ils sont devenus usager, historien, urbaniste, graphiste, maquettiste… » Le fruit de ces déambulations et de ces rencontres humaines sera présenté au Théâtre du Vieux St Etienne sous la forme d’une maquette interactive, invitation à déambuler autour d’histoires et d’animations en réalité augmentée.

ADA : dessinez à en perdre la boule

On a une vraie faiblesse pour l’installation ADA que Karina Smigla-Bobinski proposera au Théâtre du Vieux St Étienne pendant toute la durée du festival. Imaginez une énorme bulle transparente, gonflée à l’hélium, hérissée de 300 bâtons de fusains, qui ne demande que votre concours pour écrire sur les murs.

Installation participative, ADA invite en effet les spectateurs à se saisir de ses fusains et à participer à la création d’un immense dessin collectif (c’était sur les murs à la Villette, ce sera peut-être sur des cloisons ajoutées au Vieux Saint Étienne). Ada (dont le nom fait écho à Ada Lovelace, fille de Byron, connue pour avoir réalisé le premier programme informatique dans les années 1840 (!) lors de son travail sur un ancêtre de l’ordinateur – la machine analytique de C.Babbage), installation au look définitivement post-industriel, produit ainsi une suite indéchiffrable et mystérieuse de traits et de points, plus ou moins appuyés.

Photo : Karina Smigla-Bodinski ADA at Garage Center for Contemporary Culture – Moscow

A son sujet, Karina Smigla-Bobinski parle d’une « créature » post numérique, post-digitale, qui ressemble dans sa forme à un hybride moléculaire (comme ceux des nano bio-technologies) qui a la capacité de produire des œuvres d’art (un peu comme ces ordinateurs qu’on utilise pour créer des poésies) à l’aide d’une « méthode open source » mais tout en restant totalement analogique. « Où se situe exactement l’art ici ? Est-ce le ballon? Est-ce le dessin sur le mur ? Ou les deux » interroge d’ailleurs Karina Smigla-Bobinski en interview. L’artiste réalise donc une œuvre d’art cinétique dont le pouvoir artistique se trouve amplifié, étendu par l’action qu’elle donne aux spectateurs.

Photo : Karina Smigla-Bodinski – Ada – Rio

Mais dans le même temps, ADA semble également prendre vie sous l’action des spectateurs qui la poussent, la font rebondir, la tirent ou s’en saisissent : « Plus elle devient noire à cause du fusain et du fait d’être manipulée par les visiteurs, plus en quelque sorte, elle devient vivante. Même moi, qui l’ai construite, j’ai parfois l’impression qu’il s’agit d’une chose vivante » confie d’ailleurs Karina Smigla-Bobinski en entretien avec Katherine Wong. (Sachez, cependant, qu’à chaque installation, c’est une nouvelle ADA qui est créée).

Si l’on en croit les images du monde entier où l’installation a pris place, c’est toujours avec le même brio qu’ADA réussi à séduire, fasciner petits, grands et têtes chenues. Encore une belle manière, pour Maintenant, de mélanger et rassembler ses publics autour d’une installation aussi exigeante que poétique.

Pentatono : Maintenant la magie des pendules

En plus de l’extraordinaire Ada, ce sont d’autres boules transparentes qui risquent encore une fois de nous faire perdre la boule. Là aussi, on a un vrai coup de cœur pour l’installation créée par Yiannis Kranidiotis. Lauréat de l’appel à projets international Arts & Technologies lancé par Maintenant en 2016, l’artiste grec a en effet choisi de travailler autour du concept du pendule et de ses oscillations. Son installation kinétique sonore et lumineuse, Pentatono, sera elle aussi visible au Théâtre du Vieux St Étienne du 10 au 15 octobre prochain.

Pour cela, il a suspendu cinq balles transparentes en acrylique munies de leds à de longs fils de fibres optiques, positionnées sur une même ligne. Chacune des balles forme un pendule, et pour bouger, elles utilisent une petite hélice (moteurs DC). Lorsqu’un pendule passe à son point d’équilibre -en gros le milieu de la courbe qu’il fait-, il émet un petit flash lumineux et un son. Chaque pendule est « accordé » sur une note différente, mais toutes font partie d’une même gamme pentatonique « naturelle » (autrement dit pas de dissonances pour nos oreilles européennes – à noter : il s’agit de la gamme tempérée non de la gamme pythagoricienne). Ces notes changent d’octave, de façon aléatoire, à chaque oscillation. En plus de ces sons, on entend également le bruissement des hélices, qui s’arrêtent, reprennent, dans un ballet de souffles pour le moins hypnotique.

Les longueurs et les oscillations des pendules sont donc ajustées avec précision afin de créer des sinusoïdes lumineuses et sonores qui parfois se rapprochent, se fondent ou semblent devenir chaotiques. S’inspirant des travaux du mathématicien Fourier sur les séries (les phénomènes physiques étant souvent de natures vibratoires -acoustique, optique…-, il faut en définir les fonctions périodiques, donc les décomposer en harmoniques -la somme des vibrations élémentaires, ce que Joseph Fourier a réussi à faire, si on a tout compris ; on s’arrête là de peur d’écrire des inepties étant donné notre méconnaissance crasse des mathématiques et des sciences physiques) et des travaux de l’artiste turc Memo Akten autour des Simple Harmonic Motion Series, Pentatono met en exergue à la fois l’harmonie et le chaos, à l’aide d’une chorégraphie subtile, poétique et fascinante.

En choisissant différentes longueurs pour les pendules, Yiannis Kranidiotis parvient donc à créer des oscillations différentes. Lorsqu’ils commencent à se mouvoir, les 5 pendules partent en même temps, mais progressivement, ils se désynchronisent à cause de leurs oscillations différentes, en créant des mouvements lumineux et sonores à l’aspect de plus en plus désordonnés. Mais au bout d’un certain temps, les oscillations se rejoignent, parviennent temporairement à une parfaite harmonie, avant de se désynchroniser à nouveau.

Représentation graphique de 5 courbes sinusoïdales dont les périodes se « désynchronisent » puis se rencontrent à nouveau avant de recommencer de la même manière – Source : site de Yiannis Kranidiotis

On pourrait rapprocher ça musicalement des travaux de Steve Reich autour du phasing (le compositeur américain inventa ce procédé de composition, où l’on part d’un motif musical très court mais que l’on répète indéfiniment. Chaque musicien ou magnétophone joue sensiblement toujours la même chose, mais ce motif est progressivement décalé entre les différents instrumentistes ou vocalistes -ou magnétophones-. On part donc par exemple de deux motifs identiques, joués à deux tempi différents, mais réguliers. Petit à petit, on quitte l’unisson et une sorte d’impression d’écho se produit et l’oreille distingue progressivement de nouveaux sons) dont on reparlera justement dans un prochain focus. Il s’en dégage en tout cas, la même hypnotique poésie. Vivement.

 


Maintenant 2017 a lieu du 10 au 15 octobre 2017.

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