Gablé et Konono n°1 @ l’Antipode MJC

Jouer de la musique avec un cageot, un aspirateur, un enjoliveur, un alternateur de voiture, en plus d’instruments plus « classiques », mais surtout faire preuve d’une énergie bondissante voire débridée en live, voilà ce qu’ont en commun l’Orchestre trépidant (et bien sûr tout puissant) des Konono n°1 et les  toujours plus essentiels Gablé qui se partagent l’affiche de cette soirée du 12 mai à l’Antipode MJC. Présentation.

Gablé

Gablé - Photo Marco

On sera tout particulièrement ravi de retrouver les sacrément facétieux Gablé (et zou, commençons par une vieille interview de 2011 ici) pour un concert qu’on imagine une nouvelle fois en total décalage contrôlé. Cela fait maintenant bien plus de dix ans que le trio Gablé, formé de Gaëlle, Mathieu et Thomas, ne cesse de surprendre et d’étonner son public par cette musique bidouillée, bricolée, pianotée sans se soucier des carcans et des structures classiques. Musique ultra percussive, double (voire triple) chant possédé, cœurs facétieux… un univers musical bricolo et malicieux mais pourtant plus sombre qu’il n’y paraît. Les maîtres ès lo-fi et bidouillages soniques sont toujours formidables en live et ne sonnent jamais tout droit, pour notre plus grand plaisir. Ils ont déjà fait la preuve d’une présence scénique remarquable à plusieurs reprises, et notamment d’ailleurs lors d’une mémorable carte blanche à l’Antipode en 2011 ou plus récemment au Jardin Moderne pour les Embellies avec Fat Supper (ici immortalisée par l’infatigable Apollo’s Mouse).

Les trublions caennais adeptes du bricolage musical et véritables ovnis de la scène indée auront, qui plus est, un tout nouvel album sous le coude (l’hybride et bien barré MuRDeD datait de mars 2013) Jolly Trouble, sorti le 29 avril chez Ici D’ailleurs. Au programme : un mélange aussi concassé qu’habile, aussi subtil que fracassé, de « pop ensoleillée et bienveillante, [de] fulgurances noise, [de] montées en puissance psychées, [de] riffing punk ou [de] fausses balades hallucinées » (dixit leur label et on acquiesce). Avec des arrangements particulièrement bien sentis (on adore carrément l’apport des clarinettes, saxophones, flûtes ou autres trompettes) qui font de cette nouvelle galette un millésime dont le plaisir immédiat risque bien de se prolonger au fil des années.

En plus de ces nouvelles perles à l’irrégulière mais fascinante beauté, les joyeux zigues ont également dans leur besace une tripotée de titres à tiroirs et virages, assemblés depuis plus d’une dizaine d’années avec un art d’orfèvre halluciné, dans lequel ils piocheront avec bonheur. Ces chansons dont on ne sait jamais vraiment ni quels virages à 180° elles vont opérer, ni quand ou comment elles vont se terminer, créent d’ailleurs une tension permanente tout à fait savoureuse en live. Le set des joyeux drilles réserve irrémédiablement une foule de petites surprises aussi déconcertantes que sympathiques. Entre défilé d’instruments improbables (du duo de flûte à bec en passant par les cornes de brume),  sacrifice de cageot et jeux de chausse-trappe (You ? Me ?), les Gablé s’amusent, et nous avec. On devrait donc une nouvelle fois sortir de là ravi, comblé, voire Jollytroublé.

Konono n°1

Konono n°1 photo presse antipode Mjc

Autre grand amateur d’instruments de récup’, l’orchestre congolais Konono n°1 risque tout autant de faire grimper la température de l’Antipode MJC à des constantes sub-sahariennes et de porter le public de la salle rennaise à ébullition.

Sound-system D, selon l’expression consacrée, réuni autour du likembé (piano à pouces composé de lamelles métalliques accrochées à une petite caisse de résonnance) de leur feu leader Mingiedi Mawangu (qui avait fondé le groupe au milieu des années 60, et qui est désormais remplacé par son fils Augustin), l’orchestre mélange ainsi instruments traditionnels, de récupération (casseroles, enjoliveurs, …) branchés sur un système d’amplification de fortune tout aussi cabossé (micros fabriqués à partir de vieux alternateurs de voiture, voix passées à travers des mégaphones…).

Peut-être parce qu’au départ, pour se faire entendre un tant soit peu dans la jungle urbaine de Kinshasa, les musiciens ont dû trouver un moyen d’amplifier leurs compositions initialement traditionnelles, en les électrifiant avec les moyens du bord. Leur transe traditionnelle s’en est trouvée modifiée, la distorsion du système d’amplification provoquant une mutation irréversible de leur son.

En 2003, Konono n°1 tourne avec the Ex aux Pays-Bas, enregistre un album live Lubuaku, mais produit également avec Vincent Kenis -entre 2002 et 2003- un premier album officiel à Kinshasa, Congotronics, paru en 2004 chez Crammed Discs. L’orchestre devient alors une sensation plutôt inattendue auprès des publics indie, rock et électronique européens et américains. Les musiciens se voient invités par Björk ou Herbie Hancock, participent au projet Congotronics Vs Rockers, ou plus récemment se frottent à un producteur et dj angolais à la puissance sauvage, Batida, pour accoucher d’une galette trépidante sacrément efficace Konono N°1 Meets Batida.

On craint donc sincèrement que vous finissiez la soirée en nage, les oreilles transpirant de bonheur face à l’incroyable et communicative énergie de la joyeuse bande, pris par les circonvolutions hypnotiques de cette transe aussi habitée qu’endiablée. Et c’est finalement tout le mal qu’on vous souhaite.


L’Antipode MJC présente Gablé et Konono n°1 en concert le jeudi 12 mai à partir de 20h à l’Antipode MJC (2 rue André Trasbot, Rennes)

Tarifs : Sortir ! : 5 € / Membres ADMIT : 14 € / Prévente : 16 € /  Sur Place : 19 €

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